Les résultats de la saison 2006

Rallye national du Tréport - 10 juin 2006
Rallye de Normandie Beuzeville - 5 novembre 2006

Le 10 juin 2006 : Rallye national de la ville du Tréport





Cette année 2006 ne déroge pas à la règle : dès janvier, le Team GAS est rempli de bons espoirs, établi un joli programme prévisionnel et commence à se préparer tranquillement. Rendez-vous est fixé début avril pour le rallye de Lillebonne. Vous l’aurez compris…, cette année non plus, nous n’étions pas à l’heure. Cette fois, ce ne sont pas des soucis financiers, d’emploi du temps ou de mécanique sur la 205… non non, le souci technique concerne le copilote… moi-même. Une grosse chute lors d’un séjour au ski, une belle entorse au genou gauche, 5 semaines d’attelle rigide suivies de 20 séances de kiné. Du coup, j’ai patienté longtemps avant de pouvoir forcer un peu et décrocher le certificat médical indispensable pour la licence.

C’est avec impatience que nous attendons la reprise. Et ce n’est pas une petite reprise puisque la 7e édition du Rallye National de la Ville du Tréport est un midi-minuit comptant 130 km chronométrés et des spéciales de nuit. Les préparatifs nécessaires à une telle épreuve sont conséquents et se ressentent dans le budget : pneus neufs, journée complète de recos, quelques pièces de rechange… ça nous change vraiment de nos régionaux habituels et ça ne s’est pas fait en un claquement de doigts. Outre la réservation du gîte (qui mériterait un exposé complet à elle seule), le 1er challenge a été de faire venir Fred à 7h du mat’ le lundi 5 juin pour les recos. Cette journée dédiée aux prises de notes, corrections, repérages des routes, parcs d’assistance… nous a immédiatement replongés dans une ambiance que nous attendions depuis plusieurs mois. Le parcours est très intéressant et surtout varié : revêtement, adhérence, largeur, dénivelé… tout change à chaque km. Et il y a beaucoup de km, c’est un national ! Notre C4 HDi a goûté à tout cela sans broncher. Mais c’est fatigué que nous rentrons en région parisienne avec les cahiers remplis et de belles photos des zones d’assistance.

Pour moi, le reste de la semaine (en dehors du boulot qui occupe déjà pas mal mes journées) est réparti entre recopie et relecture de notes, constitution du road-book assistances + spectateurs et préparation du matériel à emmener. Jeudi soir à 21h00, la ZX est remplie : 12 pneus, 3 caisses à outils, pièces de rechange pour la 205, matos de copilote… chaque dm3 est utilisé.

Vendredi 16h45 : début du sprint, direction Moret sur Loing. Je dois y récupérer la XM de mon papa pour tracter la remorque et la 205. Mais avant d’y parvenir, il faut franchir les traditionnels bouchons de la région parisienne. Du bonheur par cette chaleur. Arrivé à 18h30, je mets la famille à contribution pour transférer tout le matos vers la XM. Je reprends la route vers Gournay : accrochage de la remorque, remontage du filtre à air de la 205, derniers chargements… et à 20h45, en route vers la Normandie.

Pendant ce temps, Fred a récupéré les pneus neufs (ça aussi ce fut une aventure à rebondissement). Ils ont intérêt à être bien ces Yokohama... Il fait aussi les courses, récupère Méli, Seb et Marie puis taille la route. De mon côté, je prends le temps de mettre à pression toutes les roues et c’est vers minuit que je rejoins tout ce petit monde (y compris notre fidèle JC qui est arrivé du CERAM de Mortefontaine à fond de 206). Tout juste le temps pour Nicolas et Oriane de préparer un bon repas qui attend toute l’équipe !!! Oh que c’est bon… Et là, vous nous croyez sur les rotules ? Et bien non ! Nous nous attaquons aux derniers réglages de la rampe de phares et à la répartition du matériel d’assistance entre 206 et XM. Ce n’est que vers 02h30 du mat’ que nous rejoignons nos couchages. La nuit sera courte.

Samedi 8h00 : réveil d’une longue journée pour toute l’équipe. Douche et petit dej’, puis nous entrons dans le vif du sujet : montage des nouveaux Yoko A048 puis direction le Tréport pour les vérifs. Juste le temps de remplir tous les jerricans et nous nous présentons à la mairie en respectant le timing serré. Nous passons sereinement ce 1er examen avant de déposer notre 205 au parc fermé, en bord de mer. Vraiment dépaysant sous ce chaud soleil… Mais pas le temps de se baigner ou de flâner. A 11h30, la bande se sépare en deux et le sprint continue : pendant que nous organisons l’assistance en déposant la XM à Grandcourt, nos amis achètent de quoi nourrir les troupes. 13h20 : nous traversons le parc fermé pour embarquer. Passage par le podium suivi d’une quinzaine de km de liaison. Nous en profitons pour roder les pneus et nous poser X questions sur leurs pressions mais aussi sur la démultiplication de l’auto avec ces gommes. Lors de la 1ère assistance, à côté de JJ Lebrun (Toyota Celica GT4) qui abandonne là sur bris de turbo, nous retrouvons JC et Marie qui vont inspecter notre auto pendant que je questionne nos concurrents sur ces fameuses pressions : il faut baisser… Fred met 1.8 à l’avant et 1.7 à l’arrière. Il paraît qu’on peut mettre encore plus bas pour un meilleur travail du pneu (on verra cela plus tard). Reste qu’avec des 175/50/13, notre auto paraît très basse : lors des grandes allonges des ES, allons-nous prendre fond de 5 ? De son côté, JC arrime une bouteille d’eau à notre arceau : je croyais que JC prenait soin de nous par cette chaleur, mais non, il avait juste vu un suintement de liquide de refroidissement. ;-)

14h07 : nous entrons dans Sept-Meules, prêts à en découdre. Et bien, il faudra attendre ! La gendarmerie n’a pas encore donné son accord pour le départ (trop de spectateurs paraît-il) : la 000 est encore sur la ligne de départ, une heure de retard. Nous tuons donc le temps, patiemment… (conversation, pointage horaire, bronzage). Et vers 15h20, c’est le début du sport pour nous. L’AX Sport Jaune n°69 s’élance, Fred s’aligne, l’horloge TAG Heuer entame le décompte… Wououh c’est parti pour 18.5km à bloc ! Les 2 premiers km se font sur une route large avec de gros appuis : l’auto se cherche quelque peu sur ses pneus en rodage mais paraît saine. Gros freinage pour une épingle en montée : olala, le goudron est fondu mais ça passe. Maintenant, c’est étroit, sans visi, avec des graviers partout... Ca y est , nous sommes dans le rythme : les « G3 Glisse » s’enchaînent aux « DF sale puis casse » sans compter les « Freins changement d’adhérence puis G4 corde tard ». Si bien qu’au bout d’une douzaine de km, nous apercevons la poussière soulevée par l’AX qui nous précède. Nous la rattrapons à la fin d’un enchaînement lent et étroit qui débouche sur une courte portion large suivie d’un droite rapide. L’AX se place à gauche de la route et Fred en profite pour glisser la 205 dans le trou de souris (en klaxonnant). Mais le pilote de l’AX voit soudain le drapeau bleu et veut se rabattre à droite, pensant nous laisser le passage libre. Heureusement, il nous voit et se ravise ; ce n’est pas passé loin… mais nous franchissons le droite rapide un peu comme on peut, en dehors de toute trajectoire logique… puis, les 3 derniers km se déroulent sans embûche. Qui plus est, le chrono est correct : notre 11’36’’8 nous place au milieu de la classe N1. Une petite pause pour se désaltérer (merci JC) et prendre des nouvelles de l’AX n°69 (panne d’allumage) puis nous filons vers St Pierre des Joncquières, départ de l’ES2.

16h57 : c’est reparti, sur le parcours de l’ES2, que je trouve moins intuitif mais très intéressant. Moins intuitif car moins visuel, plus de cassures de rythme, plus de villages. Très intéressant car certains passages nécessitent une approche… osée : gros appuis en descente ou sans visi, freinages tangents, chaussée délabrée à fond de 4… Ca secoue dans tous les sens et soudain, notre radio ne fonctionne plus : mon câble est débranché ce qui m’oblige à hurler pour que Fred m’entende dans cet habitacle bruyant. Cela doit entamer notre concentration car après plus de 10km de sprint soutenu, un enchaînement G-D abordé généreusement (du genre appel contre appel) s’est conclu par un choc de notre roue avant gauche contre un trottoir, nous obligeant à une marche arrière imprévue. A 1ère vue, rien de cassé sur l’auto (la n°67 y a arraché un ½ train arrière) mais notre confiance a chuté brutalement. Le chrono se termine sur un faux rythme : Fred surveillant la 205 et moi ayant du mal à débiter mes notes avec autant d’assurance. Dommage… même si le chrono n’est pas mauvais (9’22’’8). Comme quoi, nous devions être très bien lancés avant ces deux incidents.

Même si Fred n’a pas senti d’alerte particulière en roulant, nous constatons les dégâts en arrivant au parc de regroupement : la jante est enfoncée de plusieurs cm et le flanc du pneu est profondément marqué (mais sans fuite). Lors de la prochaine assistance, il nous faudra par conséquent changer ces roues qui nous donnaient pleinement satisfaction. C’est donc un peu la soupe à la grimace malgré un début encourageant : bons chronos mais une jante et un pneu neufs à la poubelle après 33km d’ES. Sans enthousiasme, nous posons donc nos vieux Michelin.

17h15 : nous nous présentons au départ de l’ES3. Malgré une pleine attaque sans erreur notable sur l’ensemble du tracé, nous perdons 13’’4. La faute au goudron liquéfié en de nombreux gros freinages et virages serrés. Mais aussi aux graviers qui se sont transformés en caillasses suite aux passages des autos plongeant généreusement dans les cordes. Ou encore à nos pneus qui n’offrent plus le grip de gommes neuves et tirant beaucoup plus longs. Malgré l’impression de ne rien céder, il en sera de même dans les ES 4 & 6 (la 5 ayant été annulée suite à une très grosse sortie de route d’un de nos concurrents du N1 : l’AX GTi de G.Leclerc/E.Denis a couché un poteau EDF lors de l’ES4).

21h20 : dernière assistance. Il faut préparer le parcours nocturne. Donc pendant que certains s’activent autour de la 205 pour installer la rampe de phares et refueller, d’autres chouchoutent l’équipage en préparant de beaux sandwiches. De quoi attaquer la nuit plus sereinement. En espérant que la boîte de vitesses qui émet des bruits de plus en plus inquiétants résiste à ce traitement de choc. En route vers Sept-Meules pour l’ES7. Elle sera, elle aussi, annulée : le poteau EDF a été dégagé mais trop tard… dommage, vraiment frustrant car ce tracé aurait été terrible à la tombée de la nuit. Nous rejoignons donc tranquillement le départ de l’ultime ES.

22h50 : la nuit est noire, nous sommes sanglés, ma lampe de copilote est allumée, Fred relit les 1ères pages de notes pendant que le chronométreur pointe mon carnet… L’horloge égraine les secondes, Fred se cale à 4000tr/min. Feu vert, l’embrayage colle, la voiture s’arrache, Fred allume les gros phares et je débite mes notes. La nuit, c’est super grisant. Nous connaissons le parcours mais tout semble différent… ça défile à une vitesse enivrante ! Tous les repères enregistrés pendant la journée disparaissent avec la nuit mais il faut continuer à rouler fort. Et c’est ce que nous faisons, sans faute. La voiture enchaîne avec fluidité : freinages, saut, épingle, relances, descente … passe de corde en corde… peut-être trop (rétrospectivement) compte-tenu de la fatigue de nos pneus. Aux deux tiers de l’ES, lors d’un gros freinage donnant sur une enfilade de virages en descente, Fred m’annonce « on a crevé ! ». C’est l’avant gauche. Nous pensons terminer en assurant mais le comportement de la voiture devient vite instable. N’étant pas Loeb-Elena et ne pouvant nous permettre de tout arracher, nous sommes obligés de stopper pour échanger la roue. Et là, c’est un sacré défi de changer une roue dans la nuit noire sans éclairage avec un cric de série. Voilà ce que ça donne : ouverture de capot, desserrage d’écrous de roue, mise en place du cric, écorchage de main sur le bitume en tournant la manivelle, brûlure en retirant la jante, un écrou perdu, 3 voitures nous passent, roue serrée (c’est sûr ça ?), cric en vrac dans l’habitacle, harnais bouclés… Pas forcément très efficace mais nous repartons pour finir. Dans la voiture, ça pue le pneu cramé, le pare-brise est embué par notre énorme suée, je suis perdu dans mes notes, Fred doute d’avoir bien resserré les 3 écrous… Joli tableau ! C’est avec soulagement que nous franchissons l’arrivée au bout de 15’, soit plus 5’30’’ de perdues.

Au point stop, je verse un peu d’eau sur ma brûlure pendant que Fred vérifie le serrage de la roue (OK). Puis direction, le Casino du Tréport. Nous sommes super déçus que ça se termine ainsi… mais nous verrons l’arrivée et avons vécu une journée qui restera gravée. Sans regret ! Après de rapides interviewes de Fred par la correspondante locale de Rallye Mag’ et du speaker du rallye, nous laissons la 205 sur le parc fermé avant de rejoindre le calme de notre gîte. Nous sommes exténués mais quelle journée !!! Et puis, une bonne nuitée et il n’y paraîtra plus… nous serons d’attaque pour recommencer, en septembre !

Nota : je vous passe le trajet de retour et son organisation… Coton aussi !

Merci à toute notre équipe pour les sourires, les photos, l’assistance technique et culinaire.
Merci à nouveau à mon papa pour le prêt de sa XM : en espérant te voir bientôt sur l’une de nos épreuves.

Au final, nous ne terminerons même pas derniers : 59e au général (sur 93 partants et 63 à l’arrivée) et 11e de classe (15 partants, 12 à l’arrivée). En retirant les 5 minutes perdues de la dernière ES, nous serions 7ème au classement de la classe N1 et probablement beaucoup mieux si nous avions pu poursuivre les derniers chronos avec les bons pneus… mais il ne faut pas avoir de regret, c’est la loi de la course !




Le 5 novembre 2006 : Rallye Normandie Beuzeville


La trêve estivale a été plus longue que prévue pour le Team GAS. Une révision de la boîte de vitesses s’imposait au retour du Tréport. Nous nous y attaquons mi-août en espérant avoir tout remonté pour la rentrée. Las, les ennuis techniques se sont accumulés et malgré l’aide importante de collègues. Malgré des synchros, pignons, roulements et axes de sélecteur flambant neufs, impossible de passer les vitesses par la tringlerie… Pas moins de 3 démontages supplémentaires ont été nécessaires pour diagnostiquer des axes de fourchettes de sélection tordus. Désespérant, le mois de septembre est passé !

Alors même si la 2e craque encore malgré un rodage consciencieux, nous nous engageons au Rallye Régional des Boucles de Seine (8 octobre 2006). Le déplacement se fera en équipe réduite mais motivée : beau temps, boîte de vitesses quasi neuve, alimentation électrique moteur refaite, recos compliquées mais réussies… Mais nous serons aussi malchanceux qu’en septembre. En quittant notre petit gîte pour les vérifications, j’aperçois un épais nuage suivant la 205. Pensant d’abord à de la poussière, je réalise vite qu’il s’agit d’huile. Fred s’arrête avant qu’il ne soit trop tard : 2 litres d’huile tombent subitement sur la route. Verdict : rupture du filetage du bloc moteur servant à la fixation du refroidisseur et du filtre à huile. Nous passerons plus d’1h30 à tenter une réparation, sous le regard curieux d’un troupeau de vaches. En vain, nous serons obligés de déclarer forfait à 18h30. D’ailleurs, un grand merci aux organisateurs du rallye qui nous renverrons notre chèque d’engagement accompagné d’un gentil mot d’encouragement.

Si le retour chez nous ne respirait pas la joie, nos amis nous ont poussés pour rebondir. Grâce à Marie et Sylvain (et des fournisseurs bien sympas), nous obtenons le matériel nécessaire pour remettre le moteur en état de fonctionner. Ce sera la mission de notre soirée du 28 octobre : taraudage du bloc moteur, montage du nouveau support et du filtre court, vidanges… Travail accompli avec application, un brin de tension mais surtout un beau succès. Nous serons donc au départ du Rallye de Normandie Beuzeville, la semaine suivante. La tradition du Team GAS sera donc respectée…

Notre vaillant Trafic Diesel ayant trouvé acquéreur depuis quelques semaines, notre organisation se trouve quelque peu changée : la C4 louée chez PSA servira aux recos et au transport de matériel aller-retour, la Mégane de Fred tractera le plateau et la 205, la Xantia de Ben sera réquisitionnée pour l’assistance, … Et c’est ainsi que l’équipe se retrouve le vendredi soir à Lieurey dans un grand gîte déniché à la dernière minute. Nous nous sentons prêts à conclure joliment une saison 2006 bien compliquée. Et l’Ecurie Saint-Hélier nous aura encore gâtés avec au programme, 3 nouvelles spéciales à parcourir 2 fois ; ce qui représente 43km de chrono, une référence pour un rallye régional. Je tiens au passage à souligner le travail rigoureux des organisateurs : confirmation d’engagement, vérifications administratives et techniques avec carnet d’itinéraire, zones spectateurs très bien définies dans les ES… La barre est placée très haute… D’ailleurs, les concurrents ne s’y trompent pas puisque nous sommes 133 à prendre le départ (dont 19 en classe N1).

Nous attaquons les recos le samedi matin. Le temps est sec et heureusement… car le parcours en sous-bois est extrêmement gras sur une grande partie des deux 1ères ES. A cela s’ajoutent des parties très cassantes et d’autres glissants sur terre, des gros freinages en appuis ou bosselés, des enchaînements de virages très rythmés… le cocktail est très épicé. La 3e ES est très différente : rapide, propre, bon grip, gros appuis... Comme d’habitude ce tracé est inédit même s’il reprend quelques passages que nous connaissons (parfois en sens inverse). Ce travail de prise de notes, corrections et recopie nous prendra la journée complète à peine entrecoupée par les vérifs et par une pause déjeuner au soleil. Un feu de cheminée, un bon apéro et un repas avec les potes : la journée sera complète ! Puis chacun dans son lit… Tiens, JC a bu une bière… il ronfle, je l’entends malgré les bouchons de mousse dans les oreilles. Terrible !

Comme c’est souvent le cas, je suis le 1er levé le dimanche matin. Cela me permet d’émerger tranquillement, de me préparer à mon rythme… avant la journée de folie qui s’annonce. Encore un peu de calme mais il faut bientôt quitter le gîte pour rejoindre le départ. A mesure des 15km de route, l’estomac se noue peu à peu. L’habitude n’y fait rien ; rejoindre nos concurrents, pénétrer dans le parc fermé, ouvrir et démarrer la voiture, installer les carnets et stylo à portée de main, se glisser dans le baquet et serrer les harnais, monter sur le podium… l’impatience se mêle à l’appréhension, le plaisir monte, la tension aussi. C’est paradoxal mais c’est déjà du bonheur…

10h49 : nous voilà montés sur le podium avec notre n°134. Notre speaker préféré interviewe Fred pendant que je prends mon carnet d’itinéraire et que Sylvain nous shoote en continu. Direction le parc d’assistance pour préparer les deux 1ères ES de la journée. Nous sommes en novembre mais le soleil chauffe déjà. Le choix de pneus s’impose : Yoko A048. C’est l’occasion de mettre en application les conseils prodigués lors du Mondial par le responsable de la compétition de chez Yokohama France : pressions avant 1.8 et arrière 1.9, même si ce réglage semble quelque peu atypique.

11h24 : le routier de quelque 6km a permis de faire monter tranquillement les températures : pneus, freins, moteur… équipage ? Je pointe au CH de St André d’Hébertot mais le départ ne se fera avant une ½ heure : 2 ou 3 sorties de routes (rien de très grave) ont occasionné ce retard. L’occasion pour les équipages de discuter sous le soleil normand. C’est donc voiture froide que nous prendrons le départ…

Il est presque midi lorsque le chrono TAG-HEUER égraine les secondes face à nous. Derrière, nous apercevons un large enchainement droite-gauche qu’il faudra avaler pied au fond avant de choper les freins en plein appui pour s’engouffrer dans un G4 étroit puis un passage très sale. Je répète toutes ces notes à Fred. Il reste 15’’ avant le départ. Fred se cale à 5000 tours, frein à main serré. La voiture se tend. O ! Fred lâche l’embrayage, enfonce l’accélérateur et commence à jouer du cerceau. Le ton est vite donné : ça glisse, ça pousse, ça tabasse… Certains secteurs sont très cassants (nos pneus sont très bas, le protège-carter tape dur), d’autres boueux, parfois les deux… et il faut ensuite enchainer sur de gros appuis pied à la planche ou des freinages terrible, avec les pneus sales. Fred se bat avec le volant et je récite mes notes précises et montre du bras les changements de directions à suivre pendant 5’57’’7. Ces 7,450km sont vraiment difficiles mais quel plaisir… Arrivés au point stop, nous sommes transpirants ; rare, en régional, surtout en novembre ! Mais pas de temps à perdre : dans 13’, je dois pointer au CH d’avant ES2. Heureusement la liaison est courte (4,5km).

12h32 : l’étroit départ en descente se déroule devant nous. La 205 qui nous précède disparaît dans le sous-bois, derrière le « G2 Saute ». Dans moins d’une minute se sera à nous. Nous nous lançons dans ce tracé où la finesse doit côtoyer la maxi-attack. En effet, les 500m suivant le G2 déjà évoqué sont sur un chemin de terre bosselé et sinueux. Tout en glisse, comme sur de la glace avec des slicks. Puis ça enchaine sur une longue descente rapide où le cœur doit être gros. Nous sommes quasi à fond de 4 lorsque nous abordons l’enfilade de courbes qui précède la chicane sur terre marquant le début de la remontée. Oulala que ce freinage est tendu. Superbe ! Notre petite N1 peine ensuite un peu à se relancer dans la pente. C’est avec plaisir que nous retrouvons les virages suivants mais attention aux cordes piégeuses, aux courbes sans visibilité ou en dévers sans oublier les freinages en appuis. Les occasions de voir l’arrière passer devant sont nombreuses. Les 2km précédents l’arrivée représente un véritable morceau de bravoure. Cela commence par un énorme freinage sur G4 suivi par une descente étroite, tourmentée et gravillonneuse à souhait entre 2 hauts talus. Ecart interdit. C’est avec soulagement que nous passons le « 50m Freins Freins sur D5 Pas Corde Attention sur Arrivée». (5’42’’9). L’assistance de Bonneville la Louvet va nous donner l’occasion de souffler, de partager nos sensations avec nos potes et de croquer un bout… Un check-up de la voiture : refuelling, état des pneus et du sous-caisse, contrôle des niveaux et du filtre à huile. Rien de plus, direction l’ES3.

Une vingtaine de minutes de routier tranquille avant cette ES de Fort-Moville qui contraste beaucoup avec les deux autres. Certes, le départ en montée avec ces 2 épingles (que Fred tentera de passer au câble) n’est pas vraiment à notre avantage. Mais la suite des 6,250km du parcours sont beaucoup plus propres, larges et rapides. Nous y serons beaucoup plus à l’aise, profitant enfin pleinement du profil bas de nos pneus qui nous permettent d’avaler ces courbes avec des appuis d’une force incroyable et les enfilades serrées avec agilité. Je retiendrai particulièrement le large « D4 Bon » au château d’eau qui passe à fond de 3 sans rien lâcher, le freinage parfait de la chicane suivante ou le «G3 long 100m D2 dans D4 Attention » qui commence par une légère glisse des 4 roues dans le gauche et se terminant dans le droite au frein à main et en butée de contre-braquage. Trop bon… (4’56’’9). Sur ce tracé, nous sommes dans le peloton de tête de la classe N1. Le passage par le parc de regroupement sera bref, avant de repasser par la case « Assistance » qui sera aussi simple que les 2 précédentes.

14h37 : nous démarrons les chronos de la 2e boucle. Nous retrouvons le même parcours plus qu’exigeant pour les autos et les équipages. Malgré l’impression de tout donner, notre équipage est moins à l’aise sur ce terrain encore plus sale et cassant qu’au 1er passage. Notre temps s’en ressent puisque nous mettons tout juste 3’’ de plus. Un peu décevant mais notre vaillante 205 perchée sur ces pneus définitivement trop bas pour ce genre de parcours tape trop fort pour que notre confiance soit au maxi. C’est avec le même état d’esprit que nous abordons l’ES5. Après 6,5km sur un rythme adapté au constat précédent, c’est à la sortie d’un « D3 Attention sur GF » que notre rallye a bien failli s’arrêter. Sur cette route très étroite en descente entre 2 talus, la roue arrière droite de la 205 se retrouve embarquée dans la petite rigole qui borde la route. Ainsi guidé, le train arrière décroche brutalement puis un violent coup de raquette nous renvoie en glisse dans l’autre sens… J’arrête de donner mes notes, j’entends les gravillons qui giclent dans tous les sens, je vois Fred se battre avec le volant rétif… Je nous vois déjà escalader un des talus et nous poser sur le côté ou sur le toit. Heureusement, l’anticipation et le bon réflexe de Fred (et aussi probablement une bonne dose de chance) nous maintiennent sur la route. Le petit bout de ligne droite qui suit cette figure libre me laisse le temps de lâcher un rapide « bravo » et de reprendre la suite de mes notes. Quelques centaines de mètres plus loin, c’est avec soulagement que nous passons la ligne d’arrivée. Peu importe le chrono (+ 4’’2), rétrospectivement nous nous disons que franchir l’arrivée est bien suffisant. L’assistance va nous permettre de souffler… Fred y décide de baisser légèrement les pressions pour tenter un coup dans la dernière ES.

16h48 : nous sommes au point stop d’arrivée de l’ES6. Ce chrono a été splendide. Fred a exploité au mieux les capacités de la 205 et du terrain. Les quelques excès du 1er passage ont été gommés. La confiance dans nos notes a été complète : pour preuve, nous avons passé plusieurs secondes en aveugle (soleil rasant en plein dans l’axe) sans soulager l’effort (à peine une petite hésitation que mes notes et mes gestes affirmés ont vite levée). Génial… nous signons le 6e temps de la classe (en 4’51’’1, juste derrière les AX GTi et les 106) à moins d’1’’ au kil’ du meilleur temps de la classe. Pour marquer la fin de saison, Fred accepte ensuite de me laisser le volant pour rallier le podium d’arrivée à Beuzeville. J’endosse cette partie de mon rôle de copilote avec le plus grand des plaisirs. Pour une fois, c’est Fred qui se lève pour déposer le carnet d’itinéraire et c’est moi qui réponds aux questions du speaker, surpris de me voir au volant. C’est 52e au général et 7e de classe que nous nous garons au parc fermé. Quelle journée… superbe !

Merci à Fred pour ces 7 merveilleuses saisons passées à tes côtés.
Merci à JC pour l’assistance efficace ; soit le bienvenu dans le baquet de gauche pour 2007. Tu verras, ce n’est pas de tout repos.
Encore merci à Marie & Sylvain, pour le support technique d’avant rallye.
Et merci à tous les autres, présents ou absents, pour les soutiens, les encouragements, les petites attentions…
A bientôt !
Arnaud

52ème au scratch sur 133 et 7ème de classe N1 sur 19.



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